J’ai toujours aimé être dans les bois, mais ce n’est qu’au début de la vingtaine que j’ai pris conscience que la foresterie était un cheminement de carrière possible et viable pour moi. Quand j’étais jeune, j’avais peu d’occasions d’explorer les emplois en environnement et je manquais de mentors féminins dans le secteur. Donc, en tant que coordonnatrice du système d’information géographique (SIG) et de la recherche sur la conservation à l’Initiative SFI et en tant que femme en sciences, je sais qu’il peut être intimidant de penser à travailler dans une industrie traditionnellement dominée par les hommes. C’est en partie la raison pour laquelle il est si important pour moi que les jeunes étudiants voient plus de modèles de femmes et de filles en science.
Je suis fière de travailler pour SFI, un organisme à but non lucratif dirigé par des femmes qui soutient l’éducation environnementale et les efforts d’écologisation des communautés. Il est plus important que jamais d’apprendre à connaître l’environnement et d’en prendre soin! En raison des défis climatiques et de l’augmentation de la population, une pression encore plus grande sera exercée sur nos ressources naturelles, ce qui obligera les prochaines générations à faire de meilleurs choix pour les gens et la planète.
À l’été 2021, j’ai pris une pause partielle de mon poste à SFI pour travailler comme assistante de terrain dans la forêt de l’Université Dalhousie, dans le bassin versant de Pockwock en Nouvelle-Écosse, au Canada. J’avais toujours voulu travailler dans la forêt, et c’était l’occasion idéale pour moi d’explorer une autre facette de la foresterie et de perfectionner mes compétences et ma confiance en tant que nouvelle professionnelle dans le domaine. Pendant mon séjour là-bas, j’ai rencontré divers professionnels forestiers locaux, dont Mary Jane Rodger et Jennika Hunsinger de la coopérative forestière communautaire Medway.
Elles m’ont invitée à assister à leur atelier de plantation d’arbres (soutenu par une récente subvention communautaire de SFI) qui vise à motiver les élèves de l’école communautaire North Queens à s’intéresser à la foresterie adaptée au climat. L’objectif de l’atelier, c’est-à-dire de montrer aux jeunes générations comment elles peuvent être des défenseurs de l’environnement et prendre des mesures à l’échelle locale, est une question très importante pour moi et je suis particulièrement fière de transmettre ce message aux générations futures de filles intéressées par la foresterie, les SIG et les sciences de la conservation. C’est une belle one occasion de rencontrer d’autres femmes et filles qui ont les mêmes intérêts et avec lesquelles nous pouvons planter des arbres adaptés au climat? Cela me procure beaucoup de plaisir!
J’espérais aussi qu’en participant à l’atelier de plantation d’arbres, je pourrais encourager plus de filles à suivre leurs aspirations avec confiance.
Le 11 février est la Journée internationale des femmes et des filles de science. Les Nations Unies ont instauré cette fête annuelle en raison de l’écart qui existe encore entre les sexes dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM).
Les avantages de l’éducation environnementale
Je ne me souviens n’avoir fait qu’une seule excursion environnementale pendant que j’étais à l’école. C’était une visite à un site de Canards Illimités à Halifax, où nous avons fait une activité de géocachette dans les bois d’un parc local (une chasse au trésor d’objets cachés avec GPS). Ce n’était pas aussi amusant que de planter des arbres, mais cela a certainement contribué à développer mon intérêt général pour tout ce qui concerne les forêts! Cependant, je ne peux m’empêcher de penser que j’aurais peut-être trouvé ma passion plus tôt si j’avais vu plus de modèles féminins dans ce domaine et si j’avais eu plus d’occasions d’explorer les emplois en environnement en tant qu’étudiante.
J’ai trouvé inspirant de voir le dévouement des professeurs de sciences à l’école communautaire North Queens et j’ai quelque peu envié leurs élèves. Les enseignants de l’école étaient clairement déterminés à donner à leurs élèves l’occasion de vraiment s’immerger dans l’apprentissage et dans leur environnement, et cet événement n’était qu’un exemple des excursions passionnantes qu’ils avaient faites récemment. Il était évident que cela fonctionnait, car certains élèves ont exprimé leur désir de suivre les traces forestières de leurs parents et grands-parents! On pouvait constater que les élèves admiraient vraiment leurs enseignants, et les enseignants rayonnaient lorsqu’ils parlaient de leurs élèves.
Écologisation des communautés et action pour le climat
La mission de la coopérative forestière communautaire Medway est de soutenir les communautés locales grâce à une gestion forestière durable et écologique. La forêt communautaire de 15 000 hectares / 37 000 acres sur les terres de la Couronne dans le comté d’Annapolis, en Nouvelle-Écosse, est axée sur la coopération et a réussi à maximiser de multiples valeurs économiques, sociales et environnementales. La forêt est également gérée pour tenir pleinement compte du paysage plus vaste, y compris les zones protégées et les zones à haute valeur de conservation.
La coopérative Medway et l’institut de recherche Mersey Tobeatic ont organisé l’événement avec le soutien du programme de subventions communautaires de SFI, du programme Opération Renouvert d’Arbres Canada et d’autres partenaires locaux. L’atelier a sensibilisé les jeunes à la foresterie adaptée au climat en encourageant leur participation à l’écologisation communautaire et l’action climatique dans la communauté rurale de Caledonia, en Nouvelle-Écosse. Des élèves de tous âges de l’école communautaire North Queens ont planté des feuillus adaptés au climat dans tout le village de Caledonia pour ajouter de l’ombre, de la résilience et de la couleur à la communauté.
Mary Jane et Jennika de Medway et Colin Gray de l’institut de recherche Mersey Tobeatic ont dirigé les efforts d’éducation, de formation et de plantation d’arbres pour l’atelier étudiant. Spencer Coulstring de WestFor Management Inc. et moi-même avons soutenu les élèves qui apprenaient à planter des arbres, avons contribué à la gestion du matériel dont nous avions besoin et nous sommes adressés aux élèves sur le lien entre les forêts et les changements climatiques.
Les forêts gérées de manière durable sont des outils puissants pour absorber le carbone et atteindre nos objectifs climatiques. Et avec plus de 350 millions d’acres / 140 millions d’hectares de terres forestières certifiées par SFI à travers l’Amérique du Nord, il ne fait aucun doute que notre impact sera majeur. En fait, une étude récente indique que les forêts certifiées par SFI stockent plus de 140 milliards de tonnes d’équivalents dioxyde de carbone et capturent 267 millions de tonnes supplémentaires chaque année (assez pour compenser les émissions de plus de209 millions de voitures)! Des faits sur la durabilité comme ceux-ci aident les enfants à comprendre et à apprécier les arbres, et j’ai été ravie d’aider les élèves de l’école communautaire North Queens à en apprendre davantage sur le pouvoir des forêts. Nous avons discuté de la résilience et de l’adaptation au climat, du stockage du carbone dans les structures végétales et le sol, des espèces d’arbres à croissance rapide et lente (tout en regardant des rondelles d’arbres) et des avantages essentiels que procure le couvert urbain. Les élèves nous ont dit qu’ils s’étaient préparés à cette activité et que leurs leçons en classe couvraient les changements climatiques.
Pendant que les élèves retournaient en classe, nous avons percé des trous dans les piquets (donnés par Conway Workshop), avons chargé de jeunes arbres dans des camions et avons préparé le matériel pour la plantation d’arbres communautaires. Puis, avec l’aide d’enseignants et de bénévoles, nous avons transporté environ 25 élèves de septième année au parc Harmony pour un cours intensif sur la plantation d’arbres. Grâce aux travaux d’excavation de R & C Weare Logging et au paillis donné par Freeman Lumber, les élèves ont libéré les racines des arbres et ont soigneusement planté les jeunes arbres avec deux piquets de chaque côté, en utilisant des attaches pour stabiliser le tronc afin qu’il ne subisse pas de stress éolien au cours de ses premières années de vie.
Nous avons terminé le travail et admiré ce qui, un jour, deviendrait une petite forêt autour du terrain de baseball, puis nous sommes retournés à l’école pour rencontrer une nouvelle classe d’élèves de neuvième année prêts à en apprendre davantage sur la plantation d’arbres. Ils nous ont aidés à planter le reste des arbres autour du terrain de l’école communautaire North Queens.
Foresterie climato-intelligente
Au total, nous avons planté 65 feuillus, un mélange d’espèces indigènes et de quelques espèces du sud dont l’aire de répartition indigène devrait s’étendre dans notre région en raison du climat changeant. Les espèces indigènes comprenaient l’érable rouge, l’érable à sucre, le bouleau jaune, le bois de fer, l’orme d’Amérique, le chêne rouge et des espèces du sud avec des aires de répartition indigènes changeantes, notamment le chêne blanc, le tulipier, le noyer cendré, le noyer noir et le sassafras.
La Nouvelle-Écosse fait partie de la zone de transition de la forêt acadienne (entre la forêt boréale du nord et les forêts de feuillus du sud) et abrite une grande variété d’espèces d’arbres. Au fur et à mesure que les changements climatiques commenceront à s’installer, les conditions fraîches privilégiées par les espèces de conifères boréales (épinette, sapin et pin) commenceront à se détériorer.
Les gestionnaires forestiers commencent à planter plus d’espèces indigènes qui s’adaptent à un climat plus chaud – et même certaines espèces non indigènes dont l’aire de répartition devrait s’étendre en Nouvelle-Écosse au cours des prochaines années. C’est un facteur dont les gestionnaires forestiers, tant ruraux qu’urbains, ont dû prendre en compte dans leur planification de la gestion forestière alors que nous nous préparons aux impacts des changements climatiques. La norme d’aménagement forestier SFI 2022 exige que les organisations certifiées mettent périodiquement à jour leur inventaire forestier et tiennent compte des changements de croissance attribuables aux changements climatiques avec le nouvel objectif de foresterie climato-intelligente.
Réussite des élèves
Les élèves ont participé activement à toutes les étapes de cette activité. Dans chaque classe, quelques jeunes se démarquaient particulièrement en tant que leaders. Ces élèves étaient attentifs pendant la leçon sur les changements climatiques, avaient confiance en leurs capacités physiques et ont motivé d’autres jeunes plus nerveux à participer. Dans l’ensemble, tous semblaient passionnés par le but de cette activité et ont effectué leurs tâches avec soin et efficacité. Les arbres se sont retrouvés dans le sol plus vite que prévu! J’ai même entendu des jeunes dire qu’un jour, ils amèneraient leurs enfants au parc Harmony pour voir comment les arbres qu’ils avaient plantés avaient poussé au fil des ans.
La réussite de cette activité a également nécessité un fort engagement communautaire, et du soutien en nature important a été fourni par diverses entreprises locales sous forme de ressources, d’équipement et d’heures de bénévolat. Nous avons observé un fort sentiment d’appartenance à la communauté au sein de l’école. Il semblait évident que les enseignants et les bénévoles de l’école étaient ravis que les élèves aient eu l’occasion de participer à l’action climatique dans leur propre communauté, et les élèves étaient reconnaissants de cette occasion qui leur avait été offerte.
Dans l’ensemble, je pense que cet événement a réussi à atteindre son objectif, soit de susciter l’intérêt des élèves à l’égard de la foresterie adaptée au climat. Et pour ce qui est d’inspirer les femmes et les filles en science, un groupe de filles de septième année s’est vraiment démarqué. Ces jeunes filles ont planté le double du nombre d’arbres plantés par n’importe lequel des autres groupes. Leur chef était une jeune fille confiante et forte qui n’hésitait pas à retrousser ses manches et à se salir. On pouvait voir qu’elle était une travailleuse acharnée, et les autres ont suivi son exemple. J’ai adoré la voir pelleter avec force dans le sol compacté, élinguer les arbres dans des trous et encourager les autres à contribuer. Son groupe l’a nommée #GirlBoss, et nous avons adopté ce terme dans notre vocabulaire pour la journée. Cela m’a tellement inspirée que j’ai affiché la photo de Mary Jane, Jennika, Spencer et moi-même et j’ai précisé que nous étions là pour inspirer la prochaine génération de #GirlBosses.
Pour célébrer le travail des élèves, la coopérative forestière communautaire Medway tiendra une grande ouverture de l’arboretum adapté au climat au parc Harmony au printemps 2022.
coordonnatrice de la recherche sur les SIG et la conservation
Sustainable Forestry Initiative (SFI)