Par Lauren Cooper, agente de conservation en chef à la SFI

Les forêts nord-américaines jouent un rôle essentiel dans la lutte contre les changements climatiques. Ces vastes écosystèmes agissent comme des puits de carbone, absorbant d’importantes quantités de CO2 atmosphérique. Pour assurer la santé et la durabilité à long terme de ces forêts, il faut combler l’écart entre les dernières recherches sur le climat forestier et les efforts en cours pour interpréter et mettre en œuvre des pratiques d’aménagement forestier climato-intelligentes.

Cet été, le congrès annuel de 2024 de la SFI a donné lieu à une table ronde intitulée Stratégies et possibilités de résilience climatique, qui a mis l’accent sur la réduction de l’écart entre la science du climat et l’aménagement forestier durable en Amérique du Nord. J’ai eu le privilège de diriger cette table ronde, qui portait sur les solutions pour une approche plus intégrée entre la science et l’aménagement forestier au quotidien.

Parmi les autres panélistes figuraient des représentants du Service des forêts du Département de l’agriculture des États-Unis (USDA), de l’Université d’État du Michigan et de Gestion de placements Manuvie, une entité qui possède des forêts certifiées SFI. Nous avons discuté de la façon dont la communauté scientifique dispose d’une multitude de données sur l’impact des changements climatiques sur les forêts. Nous avons également convenu que ces informations ne se traduisent souvent pas efficacement en stratégies pratiques d’aménagement forestier durable. Les forestiers sur le terrain peuvent manquer de ressources ou de formation pour déterminer et mettre en œuvre des pratiques résilientes au climat. De plus, les cadres politiques régissant l’aménagement forestier peuvent ne pas tenir compte de manière adéquate des données scientifiques les plus récentes sur le climat. Ce décalage entre les connaissances scientifiques et les pratiques sur le terrain entrave notre capacité à aménager les forêts de la manière la plus durable possible dans un contexte de changements climatiques.

La certification forestière comme voie vers une foresterie climato-intelligente

Lors de la table ronde, nous avons examiné en quoi la certification forestière est un moyen de diffuser les meilleures pratiques et d’encourager la foresterie climato-intelligente à grande échelle pour l’adaptation au climat. Nous avons aussi appris comment les organisations certifiées SFI travaillent avec la SFI pour évaluer les besoins. Chad Papa, assistant de recherche à l’Université d’État du Michigan, a expliqué l’importance d’une application rigoureuse et cohérente d’une variété de mesures de foresterie climato-intelligente à l’échelle des peuplements et des sites. Il a cité la diversité des espèces, la diversité structurelle de la forêt et son potentiel de régénération comme facteurs à prendre en compte dans le cadre d’une foresterie climato-intelligente.

Élaborer des indicateurs et des pratiques d’aménagement exemplaires pour tenir la promesse d’une foresterie climato-intelligente

Le groupe d’experts sur la résilience climatique présent au congrès annuel a aussi souligné certaines des façons dont la SFI encourage la foresterie durable afin d’équiper les personnes qui travaillent dans nos forêts des outils et des techniques de foresterie climato-intelligente dont elles ont besoin pour réussir. Nous avons examiné une série de thèmes généraux, tels que l’eau et l’adaptation des espèces, pour envisager à quoi ressembleraient les outils et les techniques climatiques connexes. Cela comprenait :

Eau : Modification de ponceaux ou de ponts pour les adapter à des débits de pointe plus élevés et à des conditions d’inondation, lorsque cela est écologiquement approprié compte tenu de la propagation d’espèces indigènes et envahissantes.

Incendie : Modifier le tracé et la conception des routes pour qu’elles résistent aux inondations ou pour créer des coupe-feu systémiques.

Aménagement forestier : Modifier le calendrier et les lieux de récolte afin de réduire les impacts climatiques pendant les changements de saison (p. ex. éviter les conditions printanières humides, avec des risques accrus d’orniérage et de pertes de carbone dans le sol).

Connaissances autochtones : Mobiliser les titulaires de droits, les détenteurs de connaissances et les utilisateurs des terres autochtones afin de mieux comprendre les pratiques traditionnelles d’utilisation et d’intendance des terres, ainsi que la mesure dans laquelle toute forme de modification d’un écosystème peut être appropriée dans un contexte de changements climatiques.

Adaptation des espèces : Faciliter la migration des arbres par la plantation sélective afin de privilégier les espèces qui prospéreront dans les conditions climatiques anticipées, de manière à éviter ou à réduire les impacts négatifs sur les droits ancestraux et les pratiques traditionnelles des peuples autochtones.

Sylviculture : Développer de nouvelles techniques sylvicoles climato-intelligentes pour s’adapter aux nouvelles conditions de croissance.

Pour le Service des forêts de l’USDA, la SFI est un partenaire stratégique

Ces nouvelles pratiques d’aménagement exemplaires font toutes partie d’un effort plus vaste de la SFI visant à faire de la foresterie durable un synonyme de foresterie climato-intelligente. Alice Ewen, directrice adjointe de la foresterie coopérative au Service des forêts de l’USDA, a décrit comment les investissements historiques de la loi sur la réduction de l’inflation et de la loi bipartisane sur les infrastructures permettent de faire progresser les pratiques d’aménagement forestier climato-intelligentes et d’élargir leur portée dans la forêt.

Mme Ewen a décrit la SFI comme un « partenaire stratégique » pour ce qui est d’encourager la foresterie climato-intelligente. Elle a souligné la capacité de la SFI à agir en tant que chef de file forestier capable de mettre à l’essai, de démontrer et d’aider à définir l’aménagement forestier climato-intelligent. L’accent mis par la SFI sur les partenariats a été désigné comme un moyen puissant de réduire les obstacles pour les propriétaires fonciers et les tribus historiquement défavorisés dans une nouvelle économie climato-intelligente. Les résultats du sondage annuel de la SFI montrent que près de la moitié des organisations certifiées SFI mettront à jour leurs pratiques d’aménagement pour répondre aux nouvelles exigences en matière d’intelligence climatique. L’autre moitié des organisations certifiées SFI mettent déjà en œuvre ce genre de pratiques.

Mme Ewen est aussi optimiste quant à la capacité de la SFI à informer les décideurs politiques sur le rôle de l’aménagement forestier durable fondé sur la science dans l’adaptation au climat et l’atténuation de ses effets. Les Normes et règles SFI 2022 ont introduit de nouveaux objectifs progressifs liés au climat dans la Norme d’aménagement forestier SFI liés à la foresterie climato-intelligente, à la résilience au feu incendies et à la sensibilisation, qui ont le potentiel d’influencer profondément l’élaboration des politiques.

La certification SFI s’aligne sur les cadres de publication de rapports en matière environnementale, sociale et de gouvernance

Le panéliste Brandon Lewis, directeur principal du Développement durable chez Gestion de placements Manuvie, a approfondi ce thème et a montré comment la certification SFI influence non seulement les décideurs politiques en matière de climat, mais aussi le secteur privé à s’aligner sur les critères en matière environnementale, sociale et de gouvernance (ESG) liés au climat. Avec la prolifération des normes et des règlements ESG au cours des dernières années, et en particulier l’avènement de la taxonomie du financement durable de l’Union européenne et du règlement sur la publication d’informations en matière de durabilité dans le secteur des services financiers, la certification forestière continue de prouver sa pertinence.

Lewis a conclu en soulignant que la certification SFI est un mécanisme complet permettant de démontrer de manière crédible la gestion d’actifs durable et, surtout, qu’elle fournit aux parties prenantes une assurance indépendante que Manuvie exerce ses activités de manière durable.

Bâtir un avenir où la science climatique de pointe et la foresterie durable vont de pair

Les discussions sur le climat lors du congrès annuel de la SFI m’ont donné de l’énergie et de l’espoir. Voir des représentants gouvernementaux, des forestiers, des scientifiques et le secteur privé s’unir pour combler l’écart entre ce que nous savons de la foresterie climato-intelligente et la façon dont nous pouvons prendre des décisions éclairées sur le terrain laisse présager un avenir meilleur pour nos forêts et pour tous ceux d’entre nous qui en dépendent.

Sources

Cooper, L., et D. MacFarlane. « Climate-Smart Forestry: Promise and risks for forests, society, and climate », PLOS Climate, 2(6), e0000212, 2023

Handler, S., T. Bishop, L. Cooper, J. Crick, M. Felde, D. Gadoth-Goodman, J. Hartman, A. Helman, A. Henriksen, T. Hobbs, R. Janowiak, K. Konen, B. O’Brion, T. Ontl, M. Peters, G. Peterson, K. Marcinkowski, K. Ross, B. Schram, M. Smalligan, M. Strieter, C. Young et M. Janowiak. Climate change field guide for northern Michigan forests: Site-level considerations and adaptation, Northern Institute of Applied Climate Science, Houghton (Michigan), United States Department of Agriculture, Northern Forests Climate Hub, 2022, 100p.

United States Department of Agriculture (USDA). USDA Building Blocks for Climate Smart Agriculture and Forestry: Implementation Plan and Progress Report, USDA, Washington (D.C.), 2016.

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