Par Darren J.H. Sleep

Sur le territoire traditionnel mi’kmaq de la Première Nation Qalipu, près de Corner Brook, à Terre-Neuve, un nouveau projet de recherche collaboratif étudiera la diversité des pollinisateurs et des plantes en tenant compte d’une vision sur 35 ans de forêt boréale aménagée. Entrepris par l’Université Memorial de Terre-Neuve et soutenu par SFI (Sustainable Forest Initiative), ce projet utilisera des relevés sur le terrain combinés à des pièges d’interception en vol, des caméras en accéléré et d’enregistreurs de données pour capturer un instantané complet des plantes et des pollinisateurs qui leur sont associés dans un groupe de forêts aménagées. Des méthodes reposant sur l’écologie, l’entomologie, la botanique et les connaissances traditionnelles seront utilisées à travers le prisme à « double perspective », qui intègre la science occidentale et les perspectives autochtones pour favoriser la compréhension, le respect et l’harmonie entre les visions du monde autochtones et non autochtones. La double perspective reconnaît la valeur et la validité des deux perspectives et cherche à les intégrer d’une manière qui enrichit la prise de décision, la résolution de problèmes et les relations. En fin de compte, le projet vise non seulement à faire progresser la compréhension écologique, mais aussi à favoriser la reconnaissance culturelle des espèces végétales clés importantes pour les communautés autochtones – appelées espèces culturellement importantes – afin de soutenir la surveillance future de ces espèces dans un climat en évolution. Les résultats éclaireront les stratégies d’aménagement forestier tout en contribuant à l’échange d’informations entre les communautés scientifiques, politiques et commerciales concernées par la biodiversité, la durabilité et la préservation du patrimoine culturel.

Pleins feux sur la recherche

Alors que la crise climatique se poursuit, nous devons prendre en compte différents aspects des services écosystémiques et de l’aménagement durable des forêts pour soutenir la résilience. Si le climat devient plus chaud, verrons-nous toujours les plantes diversifiées du sous-bois utilisées pour la subsistance par les communautés locales et les peuples autochtones lorsque nous ferons des marches en forêt? Continuerons-nous à entendre l’activité continue des pollinisateurs ou en entendrons-nous seulement quelques-uns de temps à autre? Quel impact ces changements pourraient-ils avoir sur le rétablissement des forêts? En posant ces questions aujourd’hui, nous ferons en sorte que les forêts aménagées de manière durable continueront de soutenir des écosystèmes sains pendant des générations.

Ces informations sont importantes pour que nous puissions continuer à améliorer la norme d’aménagement forestier SFI. De nouveaux résultats de recherche nous aideront à adapter l’interprétation de la norme afin d’assurer la durabilité à long terme de l’aménagement forestier à Terre-Neuve et ailleurs. Des organisations communautaires comme les comités de mise en œuvre des normes SFI contribuent à la diffusion de ces résultats, et SFI les traduit en nouvelles pratiques et facteurs à considérer en ce qui concerne l’avenir de l’aménagement forestier en Amérique du Nord.

Grâce au soutien financier de SFI au cours des trois prochaines années, et en collaboration avec Corner Brook Pulp and Paper(une organisation certifiée par SFI), la Première Nation Qalipu, l’Université Memorial de Terre-Neuve, les provinces de Terre-Neuve-et-Labrador, Ressources naturelles CanadaLe Service canadien des forêts (SCF), nous sommes ravis de présenter trois étudiants qui travaillent avec un scientifique du SCF dans le but de comprendre les relations entre les plantes et les pollinisateurs après la récolte pour des espèces culturellement importantes dans l’ouest de Terre-Neuve, au Canada.

La Première nation Qalipu participera au projet de façon significative. L’aîné Barnes, de la Première Nation Qualipu, participe au mentorat et à la supervision des étudiants recrutés pour le projet. L’aîné Barnes apporte une richesse de connaissances traditionnelles sur les plantes de la région et une perspective holistique du paysage forestier. Kristen Pittman, membre Qalipu et gestionnaire des affaires autochtones au campus Grenfell de l’Université Memorial, participe également à toutes les étapes du projet en tant qu’agente de liaison avec la Première Nation Qalipu. Elle souhaite ardemment participer aux plans d’engagement communautaire.

Voici les membres de l’équipe

Katelyn Corbett

Katelyn Corbett, originaire de l’Île-du-Prince-Édouard, vit dans l’ouest de Terre-Neuve depuis près de deux décennies. Lorsqu’elle ne fait pas de course à pied ou de ski, Katelyn trouve d’autres raisons pour passer du temps à l’extérieur. Elle est titulaire d’un baccalauréat en beaux-arts (B.B.A.) et d’un baccalauréat ès sciences (B.Sc.), et elle est actuellement étudiante diplômée inscrite au programme de maîtrise ès sciences (M.Sc.) en écosystèmes boréals et en sciences agricoles de l’Université Memorial.

En se concentrant sur les insectes pollinisateurs, Katelyn s’efforcera de répondre à la question « Qui est dans les parages et que font-ils? ». Les visites que font les insectes aux fleurs sont importantes pour la reproduction efficace de nombreuses espèces de plantes indigènes puisque les insectes transportent le pollen d’une fleur à l’autre et puisque les oiseaux et d’autres animaux (y compris les humains) bénéficient des fruits et baies comestibles qui se forment ainsi. Katelyn espère que son travail contribuera à la préparation d’un inventaire des espèces de pollinisateurs dans les forêts de Terre-Neuve et fournira un premier aperçu du comportement et de l’efficacité des pollinisateurs par rapport aux plantes à fleurs indigènes.

Luke Fifield

Le projet de maîtrise de Luke Fifield porte sur l’étude de la diversité, de la richesse et de la composition des plantes comestibles et médicinales importantes utilisées par les communautés locales et les peuples autochtones. Il est également titulaire d’un baccalauréat en sciences de l’environnement. À l’université, Luke passe la plupart de ses journées à lire, à apprendre et à réfléchir à ses recherches, mais il passe une grande partie de sa vie en forêt. La passion de Luke pour le plein air a commencé lorsqu’il était jeune garçon à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest, où il a été exposé à un mode de vie centré sur le plein air.

Luke est autochtone et appartient à la bande Nunatukavut du Labrador. Il a appris à chasser et à pêcher et a participé à de nombreuses activités hivernales, telles que la raquette et le ski de fond. Après avoir vécu 15 ans à Terre-Neuve, Luke savait que s’il voulait rester en contact avec ses racines et pouvoir passer le plus de temps possible à l’extérieur, ses études devaient refléter ses valeurs. Il travaille maintenant aux côtés de personnes partageant les mêmes idées et qui s’efforcent de protéger et de conserver l’environnement qui l’a façonné. Il est très fier de faire partie d’un si grand projet et est enthousiaste face à ses travaux futurs.

Julia Keeping

Julia Keeping a grandi dans une petite ville au bord de l’océan dans le sud-ouest de Terre-Neuve. Elle est titulaire d’un baccalauréat ès arts (B.A.) et d’un diplôme en technologie de l’environnement marin. Bien qu’elle vive dans une région rurale avec plus d’espaces verts à explorer que possible, elle s’est intéressée à la recherche forestière lorsqu’elle a passé l’été de 2017 à planter des semis dans des paysages post-récolte dans le nord de l’Ontario. Ceux qui connaissent ce travail savent que cela est incroyablement gratifiant, mais que cela prend de la force de caractère! Elle a continué à planter des arbres pendant quatre autres saisons en Colombie-Britannique avant de s’inscrire au programme de technologie environnementale de l’Université Memorial de Terre-Neuve-et-Labrador en 2020.

Julia a aussi travaillé comme assistante de recherche à Ressources naturelles Canada, où elle a examiné l’effet des changements climatiques sur les espèces d’arbres d’importance économique sur l’île de Terre-Neuve. Cette expérience l’a amenée à poursuivre une maîtrise ès arts (M.A.) en politique environnementale, explorant la relation entre les plantes culturellement importantes et les pollinisateurs dans les forêts aménagées en fonction des changements climatiques. Julia mènera une expérience en serre et l’associera à des données pour éclairer les recommandations politiques nécessaires à l’aménagement forestier dans un climat en évolution. Grâce au généreux soutien de SFI, elle est ravie de travailler avec l’équipe de recherche à la réalisation de cet important projet.

Joe Bowden

Chercheur scientifique au Service canadien des forêts de Ressources naturelles Canada, Joe est un écologiste des arthropodes (p. ex., insectes et araignées) qui s’intéresse à la faune de la forêt boréale. Il étudie particulièrement la surveillance adaptative basée sur les écosystèmes, les perturbations forestières (y compris les changements climatiques), les pollinisateurs forestiers, les ennemis naturels et la biodiversité non ciblée des stratégies de gestion des insectes forestiers.

Nous sommes impatients de vous tenir au courant de nos progrès!

SFI EN BREF

INSCRIVEZ-VOUS à notre info-lettre mensuelle.

SFI BLOGUE

INSCRIVEZ-VOUS pour recevoir nos messages.

COMMUNIQUÉS

INSCRIVEZ-VOUS pour recevoir les dernières nouvelles de SFI.