Par Meagan (Meg) Hanna

Les arbres de là où nous vivons nous procurent tellement de bienfaits. Leur ombre nous rafraîchit en été. Ils purifient l’air que nous respirons. Les oiseaux y construisent des nids et nous apportent la joie d’entendre leur chant. Nos enfants jouent parmi les arbres des parcs. Lorsque nous nous promenons dans nos espaces verts, notre stress, notre rythme cardiaque et notre tension artérielle diminuent. Des chercheurs s’intéressent même aux relations bénéfiques entre la présence d’arbres et la réussite scolaire des élèves.

Les forêts urbaines, comme celle du parc Angrignon à Montréal, offrent de nombreux avantages aux communautés canadiennes.

Les administrations régionales et municipales ne constituent qu’un des nombreux groupes qui prennent soin des arbres qui améliorent nos villes. Les professionnels de la durabilité des campus scolaires et hospitaliers, des complexes d’entreprise, des installations industrielles et des jardins publics contribuent tous, à prendre soin du territoire. Ils peuvent planter et entretenir de nombreux arbres pour le bien-être collectif. Les forêts urbaines et les intervenants qui en prennent soin peuvent bénéficier d’un solide réseau et de meilleures ressources pour soutenir les efforts de durabilité. De plus, une vision à long terme de la gestion et de la préservation de nos arbres peut rendre service à notre société, tout en aidant les professionnels à fixer des objectifs et à assurer le suivi de leurs réalisations.

À l’été 2023, la Sustainable Forestry Initiative (SFI) a lancé sa Norme de durabilité des forêts urbaines et communautaires de la SFI, la première en son genre. En tant qu’organisme à but non lucratif qui se voue à créer un avenir où tous profitent de la valeur des bienfaits des forêts aménagées durablement, la SFI voit une occasion formidable de prendre les devants et de faire mieux connaître les arbres et les forêts comme des solutions fondéees sur la nature. Les forêts urbaines et communautaires favorisent la santé humaine, rendent plus équitable l’accès aux espaces verts et renforcent la durabilité environnementale pour nos collectivités. Cette norme a été élaborée de façon collaborative par des chefs de file dans tous les aspects de la foresterie urbaine et communautaire. Elle présente ainsi à tous un portrait de ce que signifie la gestion d’une forêt urbaine ou communautaire en 2023. Elle offre aussi une feuille de route indiquant comment faire pour que nos arbres se développent et apportent leurs bienfaits aux générations futures.

Dans mon nouveau rôle de directrice de la forêt urbaine et communautaire pour le Canada à la SFI, je compte inciter nos gardiens des forêts urbaines à adopter cette nouvelle norme à travers le pays!

Les valeurs et les bienfaits des forêts aménagées durablement

Mon engagement envers la qualité des espaces verts a commencé dans la ville près d’où j’ai grandi : Montréal. Dès l’âge de 19 ans, pour m’aider à payer mes études au Cégep John-Abbott et à l’Université McGill, j’ai travaillé durant cinq étés à l’entretien des parcs et des espaces verts de la Ville de Mont-Royal. Entre autres tâches, j’aidais à prendre soin de la roseraie Pierre-Elliott-Trudeau, du nom de l’ancien premier ministre et député local. Une fois diplômée de l’université, mon cœur m’a poussée vers l’intendance de nos espaces verts alors que la Ville de Montréal m’engageait comme agente technique en horticulture et en arboriculture. J’ai réorienté ma carrière, et plutôt que de chercher un emploi dans un musée ou en lien avec le patrimoine culturel, j’ai poursuivi un certificat en horticulture et gestion d’espaces verts à l’Université Laval. Sept ans plus tard, la boucle était bouclée, alors que j’ai eu le privilège de travailler en tant que contremaître des collections vivantes du Jardin botanique de Montréal, qui fait partie du plus grand complexe muséal en sciences du Canada, l’Espace pour la vie.

Meg Hanna présente la nouvelle norme de durabilité des forêts urbaines et communautaires SFI lors du congrès annuel de Forests Ontario.

En 2011, mon parcours m’a amenée à Saint-Léonard, un arrondissement de l’est de Montréal, où j’ai découvert une difficulté bien plus grande que l’embelissement des quartiers ou de viser l’excellence en horticulture : la gestion d’une forêt urbaine et le développement d’un programme de plantation d’arbres. Doté d’un couvert arborescent d’à peine 9 %, Saint-Léonard avait besoin de davantage d’arbres – mais les menaces étaient nombreuses. L’agrile du frêne était arrivé et allait décimer des milliers d’arbres sur l’île. De plus, l’urbanisation signifiait que des arbres matures allaient être enlevés pour faire place à de nouveaux projets. J’essayais de concilier les tensions du travail entre la préservation des arbres et la réservation d’espaces de plantation pour augmenter l’indice de canopée de l’arrondissement. Cela demandait de collaborer avec intervenants diversifées ayant des objectifs ainsi que des préoccupations variés.

Au cours de mes douze années stimulantes à la Ville de Montréal, j’ai rencontré une variété de défis et d’expériences qui m’ont permis de me grandir. Mes collègues et moi-même avons trouvé des façons d’atténuer les pressions de l’avenir. Dans mes différents rôles d’inspectrice, d’agente technique et de contremaître, j’ai sélectionné les arbres à planter, établi des contrats et collaboré avec des citoyens. J’ai aussi aidé à recruter la prochaine génération de travailleurs dans des emplois verts.

La démarche de certification était pour moi une façon importante de relever certains de ces défis, en me servant de mes connaissances et en faisant preuve d’objectivité. L’obtention des accréditations d’arboricultrice certifiée de l’ISA et la qualification pour l’évaluation des risques liés aux arbres de l’International Society of Arboriculture (ISA) m’a aidé à rester à jour dans ce secteur où tout va tellement vite.

Le parcours sinueux de ma carrière a aussi mené à une vie de bénévolat enrichissant. J’ai commencé à faire du bénévolat pour la section québécoise de l’ISA, la Société internationale d’arboriculture – Québec (SIAQ) en 2013. J’ai pu participer à l’élaboration de ressources pour les arboriculteurs québécois, par exemple en organisant des ateliers de formation et en révisant la traduction française de plusieurs manuels et guides techniques en arboriculture. J’étais fière de faire partie du conseil d’administration et de m’acquitter d’un mandat de deux ans comme présidente de la section. Un des projets les plus ambitieux a été d’aider à mettre à jour les normes de l’industrie horticole et arboricole du Québec avec le Bureau de normalisation du Québec (BNQ). Au cours de ce projet pluriannuel, j’ai appris la valeur du consensus et de la prise en compte des réalités des professionnels connexes dans le travail que nous accomplissons.

Lorsque j’ai décidé de passer à une nouvelle étape de ma carrière, au début de ma vingtaine, je souhaitais trouver un programme d’études crédible et souple qui pourrait m’aider à élever le niveau de mes compétences en gestion des forêts urbaines. Or, un tel programme n’existait pas à l’époque, et j’essayais de combler les lacunes avec de la certification, des ateliers et des études indépendantes. En 2021, j’ai été ravie de voir l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) établir le premier programme de maîtrise en foresterie urbaine du Canada. Jamais dans mes rêves les plus fous je n’aurais imaginé que l’équipe du programme me recruterait pour donner le cours sur les innovations en arboriculture et en écologie urbaine. Depuis lors, j’aide les étudiants à explorer comment s’occuper des arbres en milieu urbain!

Un nouveau chapitre avec la SFI

Alors que débute l’année 2024 et que je continue de soutenir la SIAQ et d’enseigner à l’UBC, je prends de nouvelles fonctions à la SFI. Mon travail à titre de directrice de la foresterie urbaine et communautaire pour le Canada consiste à instaurer la nouvelle norme de la SFI au Canada. La norme peut aider les collectivités et les gestionnaires forestiers à faire le point sur nos forêts urbaines en 2024. Elle peut aider à guider les responsables quant à leur orientation en 2030 et à ce dont ils ont besoin pour répondre aux besoins de la population et mieux protéger les forêts urbaines. C’est un programme robuste qui comporte une centaine d’indicateurs et la possibilité d’obtenir la certification intégrale à la norme ou selon un ou plusieurs thèmes parmi quatre. Les gestionnaires de la durabilité et les gestionnaires forestiers peuvent évaluer leur rendement de leur programmes et déceler les lacunes. La SFI est là pour les soutenir tout au long du processus, qui comprend un audit par une tierce partie.

Les forêts urbaines du Canada font face à des défis uniques. Tandis qu’aux États-Unis les villes bénéficient d’un important appui fédéral, de programmes administrés par les États et de programmes de formation continue des universités pour la gestion à long terme de leurs forêts urbaines, la responsabilité de l’entretien des forêts urbaines du Canada incombe principalement aux municipalités et aux passionnés des arbres.

Les villes canadiennes font déjà un travail remarquable avec leurs forêts urbaines. Partout au pays, des collectivités élaborent leur propre stratégie et en inspirent d’autres. Le Jardin botanique de la Ville de Montréal cultive un Jardin des Premières-Nations et soutient la Stratégie de réconciliation avec les peuples autochtones 2020-2025.

Une collectivité qui souhaite choisir les espèces d’arbres appropriées en tenant compte du réchauffement climatique peut se tourner vers la Ville de Vancouver, qui a fait une planification poussée et des projections de la forêt urbaine et travaillé à la sélection des espèces. La Ville d’Ottawa a une vision à long terme, avec un plan de gestion de la forêt urbaine sur 20 ans. La Ville d’Edmonton exploite la pépinière municipale d’Old Man Creek depuis 1910. Nous avons tellement à apprendre les uns des autres. J’entrevois les possibilités d’une programmation plus centralisée en foresterie urbaine afin de créer un réseau pour encourager cette collaboration.

S’occuper d’une forêt urbaine n’est pas une mince tâche. La Norme de durabilité des forêts urbaines et communautaires de la SFI est un moyen formidable pour faire le point et revoir tout ce que fait votre collectivité. Quand on a l’esprit pratique, il est vraiment facile de réagir, de répondre aux problèmes opérationnels en temps réel et de trouver rapidement une solution. La norme de la SFI donne aux municipalités une chance de prendre du recul et d’adopter une approche stratégique, de voir quels sont leurs points forts et leurs points à améliorer et de reconnaître les possibilités d’obtenir davantage de ressources et de conclure davantage de partenariats.

De la protection de la biodiversité par l’utilisation du bois urbain jusqu’à l’accroissement de la résilience des systèmes aux tempêtes grâce à l’infrastructure verte, en passant par la collaboration avec des partenaires autochtones, l’étendue des possibilités qu’offrent les forêts urbaines est aussi vaste que notre territoire.

Durant des années, j’ai travaillé localement à améliorer l’endroit où je vis. Aujourd’hui, avec la SFI, je peux étendre cette contribution à tout le Canada et aider les collectivités à accomplir leurs objectifs. Ensemble, nous pouvons partager des pratiques exemplaires, mesurer le succès et renforcer les infrastructures vertes vitales dont dépend notre bien-être collectif.

Apprenez-en davantage en vous rendant à ‹forests.org/urbanstandard› et téléchargez la Norme de durabilité des forêts urbaines et communautaires de la SFI en français, en anglais, ou en espagnol.

 

Pour en savoir plus sur la certification thématique, consultez le site forests.org/fr/thematic-communautaires-de-la-sfi/.

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